La vapeur de cigarette électronique ferait la vie dure à la muqueuse nasale
Il n’y a pas que les poumons et la bouche qui subissent les assauts de la cigarette électronique. Le nez pourrait aussi être malmené par les aérosols produits lors du vapotage, au point où ses fonctions protectrices contre les polluants et les microbes de l’air pourraient être perturbées. C’est ce que suggère une étude publiée par une équipe de l’Université Laval dans l’American Journal of Otolaryngology.
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont prélevé des cellules de la muqueuse nasale de personnes en bonne santé, qui ne fumaient pas et qui ne vapotaient pas. À l’aide de ces prélèvements, ils ont produit, in vitro, une couche bidimensionnelle de cellules épithéliales – qui imite la couche externe de la muqueuse nasale en contact direct avec le milieu ambiant – et un modèle 3D de muqueuse nasale.
Ils ont ensuite exposé ces cultures à la fumée de cigarette ou à la vapeur de cigarette électronique. «Dans nos expériences, les cellules et les tissus étaient exposés à la fumée ou à la vapeur pendant 15 minutes, deux fois par jour, pendant trois jours. Cela s’apparente au niveau d’exposition d’un utilisateur moyen», précise le responsable de l’étude, Mahmoud Rouabhia, de la Faculté de médecine dentaire et du Groupe de recherche en écologie buccale.
Les résultats des tests pointent dans la même direction pour les deux types de culture. Après exposition à la vapeur de cigarette électronique, les cellules épithéliales doublent ou triplent de volume et leur viabilité chute de 40%. La structure de la muqueuse nasale 3D se désorganise et les cellules épithéliales ne forment plus une barrière physique étanche.
Le niveau de LDH (lactate déshydrogénase), un marqueur de dommage cellulaire, augmente de 50% par rapport aux cellules épithéliales non exposées. La prolifération cellulaire, mesurée à l’aide de la protéine Ki67, diminue de moitié. Enfin, la production de cytokines pro-inflammatoires augmente pratiquement de 50%.
«Tout indique que les cellules sont en détresse, qu’elles tentent de se défendre contre une agression et qu’une bonne partie d’entre elles n’y arrivent pas et meurent», résume le professeur Rouabhia. Son équipe tente maintenant de déterminer si ces altérations diminuent les fonctions protectrices de la muqueuse nasale contre les polluants et les agents infectieux présents dans l’air.
Présenté comme un choix plus sain que le tabagisme, le vapotage a gagné en popularité partout dans le monde au cours de la dernière décennie. «Auparavant, lorsque je faisais des conférences sur le sujet, je concluais en disant que la cigarette électronique était moins néfaste que la cigarette pour la santé. À mesure que les preuves scientifiques s’accumulent, je n’en suis plus aussi convaincu. Une chose me semble certaine: les effets de la cigarette électronique sur la santé sont plus sournois.»
Les trois autres signataires de l’étude sont rattachées à la Faculté de médecine. Il s’agit de Jamila Chakir, également chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec, Marilou Piché et Marie-Noëlle Corriveau.