Les généticiennes Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont remporté un Nobel scientifique pour avoir conçu un outil capable de modifier les gènes humains. Une percée révolutionnaire, souligne-t-on.
À Québec, les travaux de Sylvain Moineau ont donné les informations nécessaires, en aval, aux deux généticiennes pour leur permettre de créer l’outil.
Son équipe a découvert qu’une protéine est mise à contribution dans le système de défense des bactéries. Cette protéine peut couper le génome étudié pour mieux le comprendre.
«Il existe un mécanisme que les bactéries possèdent pour se défendre contre les virus», explique M. Moineau,en entrevue à l’émission Première heure.«Nous, on a travaillé sur le CRISPR-Cas [le système des ciseaux moléculaires], et ensuite est né le CRISPR-Cas9 qui s’est vu décerner le Prix.»
Qu’est-ce que le CRISPR-Cas9?
Le CRISPR est le diminutif de Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats. Il s’agit d’une marque distinctive dans la recherche sur le système de défense des bactéries. Le CRISPR-Cas9 est l’outil qui permet de modifier, de diviser et d’analyser ce système.
Source : Broad Institute Massachusetts Institute of Technology (MIT)
«Donc, on peut voir comment ça a un impact sur la bactérie. L’outil des chercheuses Emmanuelle et Jennifer est extrêmement populaire dans la communauté scientifique. Nous sommes vraiment très fiers», affirme le microbiologiste, le sourire dans la voix.
En résumé, l’équipe du microbiologiste a découvert les fonctions de la protéine, et les chercheuses récompensées ont démontré qu’elle pouvait couper le génome de façon très précise. C’est ainsi que l’outil CRISPR-Cas9 est né.
Pas encore pour les humains
Cette reconnaissance a le pouvoir de propulser la recherche.
Les experts voudront donc continuer à identifier comment l’outil peut être utilisé, pour traiter l’humain notamment.
«Pour les gens, c’est certain, il ne faut pas que l’outil se trompe. Et il peut arriver que parfois, malgré que c’est très précis, ce n’est pas parfait à 100 %», explique Sylvain Moineau de l’Université Laval.
«Dans le processus en laboratoire, on coupe le génome et on le répare par la suite, mais il peut arriver que ça ne répare pas au bon endroit. Quand on fait de la recherche, on jette et on recommence. Mais évidemment chez les humains, on ne peut pas faire ça», ajoute-t-il.
Sylvain Moineau fait remarque que ce domaine précis de recherches n’existait pas encore au milieu des années 2000. La reconnaissance d’aujourd’hui démontre la rapidité avec laquelle les chercheurs ont travaillé, et le potentiel de leurs découvertes.
«Oui, on va fêter ça», conclut-il.
Avec les informations de Claude Bernatchez