Mauvaise haleine: des huiles essentielles en renfort


Le thé du Labrador, la menthe poivrée et la sarriette des montagnes efficaces contre une bactérie associée à l’halitose

Par : Jean Hamann 
Source originale: ULAVAL NOUVELLES

Getty images  / IGORIGOREVICH

Combattre la mauvaise haleine à l’aide du délicat parfum du thé du Labrador, des effluves épicés de la menthe poivrée ou de la subtile fragrance de la sarriette des montagnes vous sourit? Une étude menée par une équipe de la Faculté de médecine dentaire et du Groupe de recherche en écologie buccale de l’Université Laval montre que la chose est possible grâce aux huiles essentielles contenues dans ces plantes. Amel Ben Lagha, Katy Vaillancourt, Patricia Maquera Huacho et Daniel Grenier en font la démonstration dans un article publié par la revue Antibiotics.

La mauvaise haleine ou halitose est causée par des composés volatils sulfurés produits par des bactéries de la bouche. Parmi les quelque 500 espèces de bactéries retrouvées dans la cavité buccale, à peine une dizaine produit ces composés malodorants. L’une d’elles, Fusarium nucleatum, est associée aux maladies parodontales et elle se distingue par l’abondance de sulfure d’hydrogène qu’elle génère. Les chercheurs la considèrent comme une digne représentante de son engeance et ils l’ont choisie pour tester comment elle se comportait en présence d’huiles essentielles.

«Nous conservons une cinquantaine d’huiles essentielles dans notre laboratoire et j’ai demandé à des étudiants de faire un criblage pour repérer celles qui avaient le plus de potentiel contre F. nucleatum. Les plus prometteuses étaient celles du thé du Labrador, de la menthe poivrée et de la sarriette des montagnes», signale le responsable de l’étude, Daniel Grenier.

Des tests plus poussés réalisés par les chercheurs ont montré que les huiles essentielles de ces trois plantes:

  • inhibent la croissance de F. nucleatum et réduisent son abondance sans causer de dommages aux cellules de la muqueuse buccale
  • diminuent la viabilité des biofilms de F. nucleatum (c’est sous cette forme que ces bactéries vivent dans la bouche)
  • entraînent une réduction de la production de composés volatils sulfurés proportionnelle à la dose d’huile essentielle utilisée

C’est l’huile essentielle de la sarriette des montagnes qui produit les résultats les plus encourageants, signale le professeur Grenier. Sa puissance est presque 10 fois plus grande que celle des deux autres huiles essentielles testées. «Nos résultats suggèrent que l’ajout de ces huiles essentielles à des dentifrices, des rince-bouche, des gommes, des pastilles ou des gels permettrait de réduire la mauvaise haleine, résume le chercheur. Elles ne pourraient pas éliminer F. nucleatum de l’écosystème buccal, mais elles pourraient en diminuer l’abondance et les effets négatifs.»

 

« L’effet d’une huile essentielle varie selon l’espèce bactérienne. Pour attaquer l’halitose sur plusieurs fronts, il faudrait sans doute combiner plusieurs huiles essentielles dans un même produit. »

 Daniel Grenier

Une étude antérieure menée par l’équipe du professeur Grenier avait démontré que l’huile essentielle de cannelle était la plus efficace pour contrôler l’abondance de S. moorei, une autre bactérie associée à la mauvaise haleine. «L’effet d’une huile essentielle varie selon l’espèce bactérienne, constate le chercheur. Pour attaquer l’halitose sur plusieurs fronts, il faudrait sans doute combiner plusieurs huiles essentielles dans un même produit.»